Dans un monde professionnel qui se complexifie et s’accélère, savoir pardonner devient une compétence clé.
Délais courts, exigences grandissantes, changements rapides, injonctions contradictoires… quand la pression monte, les relations se tendent. Puis un jour, le mot de trop : la tension latente devient violence verbale. Les mots blessent. Chacun en veut à l’autre. Personne ne semble prêt à faire le premier pas. La situation se fige. Oui, mais voilà : ces deux collègues sont « condamnés » à travailler ensemble : ils ont besoin l’un de l’autre. Leur performance s’en ressent. Comment sortir de l’ornière ?
Nelson Mandela : « Si j’ai pu pardonner, alors vous le pouvez »
Il y a un quart de siècle, l’Afrique du Sud élisait son premier président au suffrage universel direct, Nelson Mandela. Aujourd’hui, si les inégalités et les violences persistent, ce pays peut s’enorgueillir d’avoir évité une guerre civile qui paraissait alors inéluctable. Dès sa sortie de prison, dans son premier discours d’homme libre, Mandela exhortait ses concitoyens à pardonner : « Si j’ai pu pardonner, alors vous le pouvez ».
Quelques mois après son investiture, il confiait à Desmond Tutu la présidence de la Commission Vérité et Réconciliation. Son objectif : permettre une réconciliation nationale entre les victimes et les auteurs d’exactions. Ses modalités : offrir une immunité pleine et entière des crimes en échange de leur confession publique. Résultat : des milliers de victimes à travers le pays ont pu libérer leur parole, exprimer leurs souffrances, faire face à leur bourreau, écouter leur version de l’histoire, et leur pardonner.
Comment améliorer les relations de travail en entreprises ?
Bien sûr, les conditions ne sont pas comparables. Et pourtant, cette histoire est inspirante, et quelques leçons peuvent en être tirées pour améliorer les relations de travail en entreprises :
- Beaucoup de conflits naissent du système dans lequel les parties sont impliquées. Chacun pense souvent avoir fait de son mieux, en fonction de la situation dans laquelle il se trouvait, de ses croyances, de sa fonction, de son rôle, etc.
- Libérer la parole apaise les tensions, donne l’opportunité aux personnes en conflit d’écouter l’autre, sa version de l’histoire, de mieux comprendre ses raisons d’agir.
- L’intervention d’un tiers neutre, impartial et indépendant facilite la réconciliation. Ce tiers est garant du cadre et du processus.
Et si pardonner, c’était prévenir ?
Heureusement, les tensions en entreprises ne sont pas comparables avec l’extrême violence de l’apartheid. Pour autant, même en entreprises, tant que les tensions ne sont pas traitées à la source, elles ressurgissent tôt ou tard, sous une forme ou une autre – maladies, risques psycho-sociaux, violence, etc. Et si pardonner, c’était prévenir ? Et si Nelson Mandela a pu pardonner, pourquoi pas nous ?
Olivier ENDELIN